Les 4 Vérités du Liban

par Essente, -------------------- avec le recul nécessaire pour mieux voir et comprendre. ---- © Essente, 2006.

22 octobre 2006

Introduction

12 Juillet 2006 - Si le Liban est aujourd’hui menacé de se retrouver dans les affres d’une guerre à l’issue incertaine, qui peut conduire à une dissolution ou à une sorte d'Irakisation, cette menace – aussi réelle et présente soit-elle - n’est pas pour autant une condamnation irréversible. Et s’il relève de la trivialité que les auteurs qui n’ont eu de cesse de comploter et de planifier pour la dissolution du Liban sont ses nombreux ennemis, les ennemis de son unité et de sa prospérité, cette vérité – aussi évidente soit-elle - n’exclut pas qu’il faille justifier l’emploi du mot ‘ennemis’ au pluriel.

Certes, la population Libanaise, ainsi que toutes les forces politiques actives, toutes confessions confondues, conviendraient unanimement que l’ennemi déclaré du Liban est l’état d’Israël - le Sionisme en général. Mais il y a par ailleurs, au sein même de la population libanaise, une forte controverse autour des nombreux Etats et gouvernements qui, depuis plusieurs décennies, se livrent une compétition féroce, à l’issue de laquelle chacun aura trouvé dans la mosaïque culturelle, sociale et religieuse du pays du Cèdre, une matière à comploter en faveur de ses propres ambitions, d’où ce pluriel:

- Israël bien sûr, pour qui l’unité et la pluralité du Liban constituent une menace aux fondements idéologiques et religieux de son propre Etat, une annulation de sa raison d’être. Pour Israël en effet, un Liban à la fois uni et pluriel est un précédent historique à un espoir de cohabitation pacifique avec le peuple Palestinien.

- La Syrie, liée au le Liban par des liens dits de fraternité, mais qui n’a jamais eu de cesse de cultiver son influence sur la scène politique libanaise - une influence qui constitue pour elle une carte qu’elle négocie au gré des bouleversements régionaux, en échange d’une garantie de stabilité de sa propre dictature.

- L’Arabie Saoudite qui ambitionne de s'approprier le Liban avec les recettes pétrolières, pour en faire une terre de refuge (sunnite), une sorte de base arrière pour une tribu d’Emirs et de Cheikhs régnant désormais sans défense sur un trône de plus en plus fragilisé par la montée d'un islamisme, notamment chiite, hostile à la Monarchie.

- L’Iran (chiite) pour qui, une base d’accès sur le bassin méditerranéen est une ambition géostratégique majeure, dont l’urgence se fait d’autant plus vitale que sa puissance militaire se développe et que se dessine ainsi, l’éventualité d’un embargo international – un embargo qui prétexte déjà la prolifération nucléaire.

Chacun de ces quatre Etats (ou régimes) a commencé - à un moment donné de l’histoire du Liban - par semer la graine de ses plans secrets, et de préférence au sein même du pouvoir en place, au sens plus ou moins large du terme.

Quand un pays est petit et faible – à fortiori quand il est affaibli par une guerre civile pour le moins dévastatrice, il devient forcément dépendant de l’aide des pays voisins et alliés. Et quand les visées prédatrices de l’un d’entre eux parviennent à s‘insinuer dans cette dépendance, elles cultivent forcément les visées prédatrices des autres. C’est à peu près ce qui est arrivé et continue d’arriver au Liban depuis plus de trente ans, depuis le 13 Avril 1975 exactement, date du début de la guerre civile, et jusqu’à ce jour du 12 Juillet 2006, encore.

L’emplacement stratégique du Liban est tel, qu’au début des années 80, la course à la semence de ces plans de prédation emballés sous le couvert de l’altruisme et autres intentions d’apparence louables, prenait sa vitesse de croisière. C’est cela qui a innocemment fait dire à un président peu visionnaire, cette hérésie devenue désormais célèbre: "la force du Liban réside dans sa faiblesse…" Aveuglé par les besoins multiples du Liban, ce président ne percevait alors rien de caché derrière l’afflux des propositions d’aides qui se ruaient sur lui.

Comprendre le Liban d’aujourd’hui consiste donc à disséquer les différents plans qui demeurent en course à sa prédation. Certes, des recours à certains évènements de l’Histoire s’imposent, mais sans qu’il s’agisse pour autant d’en retracer une chronologie exhaustive. Ces rappels se limiteront aux seuls évènements (et acteurs) de la guerre civile (1975 – 1990) et de l’après guerre (1991 – 2005) dont l’influence demeure en vigueur dans le paysage politique qui fait l’actualité.

Parallèlement, une superposition de ces plans et l’analyse de leur interaction devraient sans doute apporter un éclairage supplémentaire sur plus d’un dossier de l’actualité libanaise:
- Les luttes de pouvoirs qui entravent le dialogue interne,
- L’assassinat de Rafic Hariri et les enjeux de l’enquête,
- L’agression Israëlienne du Liban (Juillet 2006).