Les 4 Vérités du Liban

par Essente, -------------------- avec le recul nécessaire pour mieux voir et comprendre. ---- © Essente, 2006.

22 octobre 2006

1975 - 1982: La Première Phase de la Guerre Civile

Pionniers de l’impérialisme par excellence, comme le démontre l’histoire de leur politique étrangère du Vietnam jusqu’à l’Irak, en passant par le Darfour et l’Afghanistan, les Etats-Unis, indéfectibles et inconditionnels alliés d’Israël, avaient élaboré - quelque temps après l’humiliation arabe de la guerre de 6 jours (Juin 67) - un plan qui porte le nom de celui qui recevra le Prix Nobel de la Paix en 1973, et deviendra (de 1973 à 1977) Secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères, Henri Kissinger. Dans ses grandes lignes, le plan Kissinger visait à mettre fin au conflit Israélo-Palestinien au moindre coût. A l’échelle régionale, le moindre coût voulait alors dire au détriment de la population chrétienne du Liban, la plus minoritaire, la plus vulnérable, mais aussi la plus hostile à la présence Palestinienne sur son territoire.

En vertu de ce plan, le Liban serait donc sacrifié au profit de la cause palestinienne, voire offert en compensation des territoires palestiniens occupés par Israël en 1948 et en 1967. On dit même que le Canada, déjà en proie à un besoin de repeuplement démographique, s’était proposé pour absorber les vagues des réfugiés immigrants.

Avec la signature du Liban sur les accords du Caire en 1969 – accords qui reconnaissent aux réfugiés Palestiniens le droit de résidence sur le territoire libanais, ainsi que le droit à l’autodéfense, et par conséquent à la détention des armes – le plan Kissinger trouvait la matière nécessaire à se poser sur les rails; et la guerre civile éclatait le 13 Avril 1975.

On estima que la guerre entre la jeune résistance chrétienne qui s’improvisait et les Palestiniens armés ne durerait que quelques semaines. Mais les forces chrétiennes, avec l’aide des factions chrétiennes de l’armée libanaise (très vite démantelée pour avoir été empêchée d’intervenir), ces forces firent preuve d’une résistance telle qu’en 1982, la guerre civile s’éternisait encore. Elle s’état transformée en un chao de règlements de comptes intercommunautaires, et qui ne tarderont pas à devenir intracommunautaires.

Les Etats-unis devaient reconnaître que la résistance chrétienne face aux Palestiniens avait déjoué son plan et réalisait ainsi une immense victoire sur le plan Kissinger - mais une victoire que ni l’Histoire ni le discours politique actuel ne retiennent comme tel, quand même certaines circonstances exigeraient de le rappeler.

Hélas, l’échec infligé au plan Kissinger ne fut pas fatal.

En 1976, les efforts déployés par le Président Elias Sarkis pour tenter de mettre un terme à l’état de guerre, l’ont conduit à recourir à une force d’interposition panarabe. Mais sitôt intervenue, cette force se transforma en une force de frappe exclusivement Syrienne, dont une faction – dite la Saîka - allait même soutenir les forces Palestiniennes contre les chrétiens. Parallèlement, la présence armée Syrienne sur le territoire du Liban constituait un prétexte à l’armée Israélienne pour entamer son invasion du Liban - une invasion qui s’étendra jusqu’à Beyrouth en 1982.

De 1975 jusqu’à l’invasion israélienne du Liban Sud en 1978, puis de Beyrouth en 1982, le premier épisode de la guerre civile dessinait les grandes lignes d’une politique régionale et internationale sur la scène libanaise - une politique qui demeure encore en vigueur jusqu’à ce jour du 12 Juillet 2006.

En effet, depuis sa mise en échec, le plan Kissinger ne cessera de connaître des variantes revues et corrigées, et l’on parlera désormais d’une implantation des Palestiniens au Liban, plutôt que d’un remplacement de sa population. L’émigration chrétienne se ferait ainsi lentement mais sûrement, et finirait bien par s’achever dans le temps.