Les 4 Vérités du Liban

par Essente, -------------------- avec le recul nécessaire pour mieux voir et comprendre. ---- © Essente, 2006.

22 octobre 2006

Introduction

12 Juillet 2006 - Si le Liban est aujourd’hui menacé de se retrouver dans les affres d’une guerre à l’issue incertaine, qui peut conduire à une dissolution ou à une sorte d'Irakisation, cette menace – aussi réelle et présente soit-elle - n’est pas pour autant une condamnation irréversible. Et s’il relève de la trivialité que les auteurs qui n’ont eu de cesse de comploter et de planifier pour la dissolution du Liban sont ses nombreux ennemis, les ennemis de son unité et de sa prospérité, cette vérité – aussi évidente soit-elle - n’exclut pas qu’il faille justifier l’emploi du mot ‘ennemis’ au pluriel.

Certes, la population Libanaise, ainsi que toutes les forces politiques actives, toutes confessions confondues, conviendraient unanimement que l’ennemi déclaré du Liban est l’état d’Israël - le Sionisme en général. Mais il y a par ailleurs, au sein même de la population libanaise, une forte controverse autour des nombreux Etats et gouvernements qui, depuis plusieurs décennies, se livrent une compétition féroce, à l’issue de laquelle chacun aura trouvé dans la mosaïque culturelle, sociale et religieuse du pays du Cèdre, une matière à comploter en faveur de ses propres ambitions, d’où ce pluriel:

- Israël bien sûr, pour qui l’unité et la pluralité du Liban constituent une menace aux fondements idéologiques et religieux de son propre Etat, une annulation de sa raison d’être. Pour Israël en effet, un Liban à la fois uni et pluriel est un précédent historique à un espoir de cohabitation pacifique avec le peuple Palestinien.

- La Syrie, liée au le Liban par des liens dits de fraternité, mais qui n’a jamais eu de cesse de cultiver son influence sur la scène politique libanaise - une influence qui constitue pour elle une carte qu’elle négocie au gré des bouleversements régionaux, en échange d’une garantie de stabilité de sa propre dictature.

- L’Arabie Saoudite qui ambitionne de s'approprier le Liban avec les recettes pétrolières, pour en faire une terre de refuge (sunnite), une sorte de base arrière pour une tribu d’Emirs et de Cheikhs régnant désormais sans défense sur un trône de plus en plus fragilisé par la montée d'un islamisme, notamment chiite, hostile à la Monarchie.

- L’Iran (chiite) pour qui, une base d’accès sur le bassin méditerranéen est une ambition géostratégique majeure, dont l’urgence se fait d’autant plus vitale que sa puissance militaire se développe et que se dessine ainsi, l’éventualité d’un embargo international – un embargo qui prétexte déjà la prolifération nucléaire.

Chacun de ces quatre Etats (ou régimes) a commencé - à un moment donné de l’histoire du Liban - par semer la graine de ses plans secrets, et de préférence au sein même du pouvoir en place, au sens plus ou moins large du terme.

Quand un pays est petit et faible – à fortiori quand il est affaibli par une guerre civile pour le moins dévastatrice, il devient forcément dépendant de l’aide des pays voisins et alliés. Et quand les visées prédatrices de l’un d’entre eux parviennent à s‘insinuer dans cette dépendance, elles cultivent forcément les visées prédatrices des autres. C’est à peu près ce qui est arrivé et continue d’arriver au Liban depuis plus de trente ans, depuis le 13 Avril 1975 exactement, date du début de la guerre civile, et jusqu’à ce jour du 12 Juillet 2006, encore.

L’emplacement stratégique du Liban est tel, qu’au début des années 80, la course à la semence de ces plans de prédation emballés sous le couvert de l’altruisme et autres intentions d’apparence louables, prenait sa vitesse de croisière. C’est cela qui a innocemment fait dire à un président peu visionnaire, cette hérésie devenue désormais célèbre: "la force du Liban réside dans sa faiblesse…" Aveuglé par les besoins multiples du Liban, ce président ne percevait alors rien de caché derrière l’afflux des propositions d’aides qui se ruaient sur lui.

Comprendre le Liban d’aujourd’hui consiste donc à disséquer les différents plans qui demeurent en course à sa prédation. Certes, des recours à certains évènements de l’Histoire s’imposent, mais sans qu’il s’agisse pour autant d’en retracer une chronologie exhaustive. Ces rappels se limiteront aux seuls évènements (et acteurs) de la guerre civile (1975 – 1990) et de l’après guerre (1991 – 2005) dont l’influence demeure en vigueur dans le paysage politique qui fait l’actualité.

Parallèlement, une superposition de ces plans et l’analyse de leur interaction devraient sans doute apporter un éclairage supplémentaire sur plus d’un dossier de l’actualité libanaise:
- Les luttes de pouvoirs qui entravent le dialogue interne,
- L’assassinat de Rafic Hariri et les enjeux de l’enquête,
- L’agression Israëlienne du Liban (Juillet 2006).

1975 - 1982: La Première Phase de la Guerre Civile

Pionniers de l’impérialisme par excellence, comme le démontre l’histoire de leur politique étrangère du Vietnam jusqu’à l’Irak, en passant par le Darfour et l’Afghanistan, les Etats-Unis, indéfectibles et inconditionnels alliés d’Israël, avaient élaboré - quelque temps après l’humiliation arabe de la guerre de 6 jours (Juin 67) - un plan qui porte le nom de celui qui recevra le Prix Nobel de la Paix en 1973, et deviendra (de 1973 à 1977) Secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères, Henri Kissinger. Dans ses grandes lignes, le plan Kissinger visait à mettre fin au conflit Israélo-Palestinien au moindre coût. A l’échelle régionale, le moindre coût voulait alors dire au détriment de la population chrétienne du Liban, la plus minoritaire, la plus vulnérable, mais aussi la plus hostile à la présence Palestinienne sur son territoire.

En vertu de ce plan, le Liban serait donc sacrifié au profit de la cause palestinienne, voire offert en compensation des territoires palestiniens occupés par Israël en 1948 et en 1967. On dit même que le Canada, déjà en proie à un besoin de repeuplement démographique, s’était proposé pour absorber les vagues des réfugiés immigrants.

Avec la signature du Liban sur les accords du Caire en 1969 – accords qui reconnaissent aux réfugiés Palestiniens le droit de résidence sur le territoire libanais, ainsi que le droit à l’autodéfense, et par conséquent à la détention des armes – le plan Kissinger trouvait la matière nécessaire à se poser sur les rails; et la guerre civile éclatait le 13 Avril 1975.

On estima que la guerre entre la jeune résistance chrétienne qui s’improvisait et les Palestiniens armés ne durerait que quelques semaines. Mais les forces chrétiennes, avec l’aide des factions chrétiennes de l’armée libanaise (très vite démantelée pour avoir été empêchée d’intervenir), ces forces firent preuve d’une résistance telle qu’en 1982, la guerre civile s’éternisait encore. Elle s’état transformée en un chao de règlements de comptes intercommunautaires, et qui ne tarderont pas à devenir intracommunautaires.

Les Etats-unis devaient reconnaître que la résistance chrétienne face aux Palestiniens avait déjoué son plan et réalisait ainsi une immense victoire sur le plan Kissinger - mais une victoire que ni l’Histoire ni le discours politique actuel ne retiennent comme tel, quand même certaines circonstances exigeraient de le rappeler.

Hélas, l’échec infligé au plan Kissinger ne fut pas fatal.

En 1976, les efforts déployés par le Président Elias Sarkis pour tenter de mettre un terme à l’état de guerre, l’ont conduit à recourir à une force d’interposition panarabe. Mais sitôt intervenue, cette force se transforma en une force de frappe exclusivement Syrienne, dont une faction – dite la Saîka - allait même soutenir les forces Palestiniennes contre les chrétiens. Parallèlement, la présence armée Syrienne sur le territoire du Liban constituait un prétexte à l’armée Israélienne pour entamer son invasion du Liban - une invasion qui s’étendra jusqu’à Beyrouth en 1982.

De 1975 jusqu’à l’invasion israélienne du Liban Sud en 1978, puis de Beyrouth en 1982, le premier épisode de la guerre civile dessinait les grandes lignes d’une politique régionale et internationale sur la scène libanaise - une politique qui demeure encore en vigueur jusqu’à ce jour du 12 Juillet 2006.

En effet, depuis sa mise en échec, le plan Kissinger ne cessera de connaître des variantes revues et corrigées, et l’on parlera désormais d’une implantation des Palestiniens au Liban, plutôt que d’un remplacement de sa population. L’émigration chrétienne se ferait ainsi lentement mais sûrement, et finirait bien par s’achever dans le temps.

1982 – 1990: Le Partage des Rôles entre Israël et la Syrie

1982 - Malgré l’enlisement de la guerre civile - ou plus précisément à cause de cet enlisement - le gouvernement Israélien, par le biais d’Ariel Sharon, alors Ministre de la Défense, continuait d’offrir son aide ainsi que son approvisionnement en arme, aux Forces Libanaises (FL), regroupant désormais les Phalangistes des Gemayel, les Tigres PNL, ainsi que l’ensemble des milices chrétiennes sous une même bannière. En alimentant les espoirs des forces chrétiennes sur le terrain, le gouvernement Israélien alimentait en fait, le feu d’une guerre que nul ne remporterait désormais. Cette guerre perpétuerait en revanche le climat nécessaire à accélérer l’hémorragie sociale, c’est-à-dire l’exode de la population chrétienne, et à instaurer ainsi, les conditions propices à l’implantation des Palestiniens au Liban.

Dans le cadre de cette stratégie, toute solution qui eut permis que la guerre du Liban sorte de son enlisement devait être bannie: Bachir Pierre Gemayel, fils du fondateur du parti chrétien Phalangiste, avait forgé sa carrière politique à l’école des barricades. Mais en dépit de son statut de militant engagé, en dépit de l’idéologie fasciste de son parti et en dépit du massacre de Safra Marine qu’il perpétra contre des milices partisanes, il parvint à aborder l’ensemble des factions belligérantes et à rassembler les Libanais autour d’un plan de paix. Conscient de sa vulnérabilité politique, de la controverse et de la méfiance qui l’entourent, il eut aussi la sagesse de se garder de tout triomphalisme militaire, se contentant d’incarner l’unité nationale sur l’ensemble du territoire, et la seule victoire d’une logique de paix sur celle de la guerre.

L’élection de Bachir Gemayel à la Présidence de la République en 1982, suscita un grand regain de confiance dans l’avenir du Liban, notamment au sein de la communauté chrétienne. Mais l’unité nationale que Bachir Gemayel parvint à incarner, ainsi que son attachement à des principes nationaux en faveur desquels il opposa un refus implacable et catégorique de tout compromis, trompèrent les attentes d’Israël, et se révélaient être une menace à la finalité du plan Kissinger. De ce fait, après l’élection de Bachir Gemayel, mais avant même qu’il n’ait franchi l’étape de la passation du Pouvoir, et le jour de la dernière participation à l’Assemblée Générale de son parti, il fut assassiné.

En la personne de Samir Geagea, (alors commandant en chef des FL), Israël trouva le profil du collaborateur par excellence, et la personne idéale qu’il convenait de soutenir, non pas pour mettre un terme à l’état de guerre, mais bien au contraire, pour en entretenir l’équilibre et la perpétuer. Ce remplacement (trop soudain) éveilla des soupçons qui ne seront jamais confirmés: Geagea se serait secrètement proposé d’offrir plus de compromis en faveur de l’Etat hébreu que ne l’avait fait Gemayel, et se serait ainsi rendu complice des Israéliens dans cet assassinat. Si cette hypothèse ne se confirma jamais, ce qu’on savait déjà de Geagea, et qu’on apprendra encore par la suite suffira en revanche à en entretenir le doute.

Geagea était déjà connu pour être un sanguinaire, avide de pouvoir, et suscitait au sein même de la population chrétienne, la haine des uns, et la terreur des autres. Saisissant l’anarchie de l’état de guerre et l’absence de toute autorité, il laissa libre cours à ses instincts criminels, profitant du chao de la guerre pour se frayer le chemin du Pouvoir. Son actif compte parmi les pires exactions commises, toutes parties belligérantes confondues. Elles comprennent les éliminations de toutes personnes actuelles, futures ou même potentielles, susceptibles d’entraver sa marche vers la monopolisation du Pouvoir, (Rachid Karamé, Tony Frangié, sa femme et sa petite fille de 5 ans, Dany Chamoun et ses deux enfants de 9 et 7 ans) etc… Cet actif s’enrichira même jusqu’en 1990, avec une série de massacres, dont la fusillade à bout portant des officiers de l’Armée de l’Air pourtant faits prisonniers dans leur propre caserne, et le mitraillage sur des jeunes manifestants pacifistes sous le pont de Dora etc…

Cet homme était donc précisément tout ce qu’il fallait à Israël pour entretenir l’exaspération et le désespoir des chrétiens et par conséquent, l’accélération de leur exode. Il n’en fallut pas plus qu’un feu vert et la promesse du Pouvoir pour lui monter la tête, et on l’utilisa. Sa mission dans cet échiquier fut donc de torpiller toute forme de solution qui eût pu renverser la faillite des Chrétiens du Liban, d’où la fameuse bataille livrée en 1989 contre le général Michel Aoun, autre grand espoir déchu des Libanais, et qui sera lui-même condamné à l’exil en Octobre 1990.

Avec le limogeage de Geagea par l’autorité Syrienne et son emprisonnement en 1994, le plan d’action Israélien se mettait en veilleuse. En effet, le 13 Octobre 1990, un feu vert Américain venait d’être donné à la Syrie pour instaurer une paix par la force, et faire faire à cette paix ce que la guerre n’avait pas pu achever. Geagea restera en prison pendant onze ans (de 1994 à 2005). Pendant ce temps, les Américains travaillaient sur une nouvelle carte de route pour le Moyen-Orient – une carte de route dont l’événement spectaculaire du 11 Septembre 2001 sera sans doute le prétexte déclencheur.

La mise en œuvre de cette carte de route débutera par l’invasion Américaine de l’Irak, et tout laisse croire que l’assassinat de Rafic Hariri (le 14 février 2005), ainsi que l’attaque Israélienne sur le Liban (le 12 Juillet 2006) n’en sont que des épisodes supplémentaires.

Les Bouleversements Régionaux et leurs Répercussions

De 1970 au début des années 80, une série de bouleversements allaient changer le climat politique du Moyen-Orient: Hafez el Assad prenait le pouvoir en Syrie, s’autoproclamant Président de la République. En Octobre 1973, l’Egypte et la Syrie essuyaient une défaite de plus face à Israël. A la suite de cette défaite, le Président Egyptien Anouar el Sadate entamait des négociations avec le Premier Ministre Israélien Menahem Begin - des négociations qui allaient aboutir à la signature des accords de paix de Camp David. La Syrie perdait ainsi, son principal allié dans la lutte Israélo-Arabe. Hafez el Assad, de confession alaouite (minoritaire en Syrie), ne pouvant pas suivre l’exemple de son homologue Egyptien sans risquer de perdre sa place à la tête de sa dictature, se retrouva soudain seul dans la lutte Israëlo-Arabe. Pour rétablir un équilibre de forces, il n’eut d'autre choix que de s’allier avec le nouveau régime de l’Ayatollah Khomeiny, ce dernier ayant achevé de mener sa révolution et proclamé la République Islamique d’Iran.

Ainsi, le Moyen-Orient arabe se démantelait, en même temps que tombait en miettes la solidarité des Etats qui le composent. Avec la chute du Mur de Berlin en 1989, et l’effritement de la puissance Soviétique (contrepoids traditionnel du soutien Américain en faveur d’Israël), les pays Arabes producteurs de pétrole se détachaient progressivement de leur engagement dans la cause palestinienne, et consentaient à céder à l’autorité de la seule puissance Américaine. Les pays pauvres, eux se radicalisaient.

Ces bouleversements instauraient un climat régional propice à voir l’émergence de nouveaux prédateurs du Liban, surtout parmi ceux qui se voyaient de plus en plus menacés ou ébranlés par ces bouleversements. Pour plus d’un régime, la seule véritable démocratie du Moyen-Orient, affaiblie par la guerre civile, et par nature ouverte aux enjeux régionaux, constituait un terrain fertile à toutes sortes d’ambitions – chacun y trouvant son compte - et valait bien ainsi, qu’on s’y frotte les mains.

Avec le feu vert américain accordé à la Syrie pour instaurer la nouvelle Constitution de Taëf (voir chapitre suivant) et la faire respecter, Hafez el Assad s’était vu offert l’occasion de faire preuve de son habileté sur le terrain, et pouvait ainsi rêver de restaurer la Grande Syrie qui engloberait le Liban. Avec l’entrée de ses troupes sur le Palais Présidentiel le 13 Octobre 1990, pour destituer le Général Aoun et mettre en place le gouvernement de Taëf, la Syrie achevait sa main mise sur le Liban.

Durant la période d’après guerre (1991 – 2005), la Syrie exerça sa dictature sur la scène libanaise, en appliquant la politique du bâton et de la carotte. A commencer par les Présidents Hraoui et Lahoud, les hommes qu’elle oeuvrait à mettre en place dans les différents postes du pouvoir au Liban, étaient précisément choisis de telle sorte à ce que le Président Assad puisse maintenir son rôle de seul interlocuteur possible pour le Liban, dès lors que le reste du monde aurait à dire, à redire ou à négocier. Ainsi, le Président Assad se faisait le commissaire-priseur de toutes les enchères. C’est à travers lui, et lui seul que chacun – y compris l’Arabie Saoudite - devra désormais négocier ses ambitions, ainsi que sa place dans cet échiquier.

En 1990, les accords de Taëf ont été présentés à la population Libanaise ainsi qu'à la communauté internationale comme étant ceux qui allaient mettre un terme aux hostilités - notamment entre les factions chrétiennes de l'armée que commandait le Général Michel Aoun et les milices FL commandées par Samir Geagea. Mais ses accords ne s'avèreront être qu’un subterfuge pour l’entrée en vigueur d'un plan de plus, le plan Saoudien de mainmise sur le Liban - le plus sournois de tous - puisque ces accords constituent une couverture légale aux ambitions Saoudiennes. En effet, les accords de Taëf, imposés en Arabie Saoudite à des parlementaires obsolètes et à la représentativité douteuse, s'insinueront au sein même de la Constitution Libanaise, instaurant les bases de ce qui sera (et demeure encore) la Deuxième République.

A ce propos, que la Constitution Libanaise de la deuxième République porte le nom de la ville Saoudienne de Taëf où elle a été signée, certains n’y verront que le hasard des circonstances de la guerre civile, d’autres (auxquels j’adhère) y verront un symbole peu anodin, et pour le moins significatif.

Hariri ou les Intentions Cachées de l’Arabie Saoudite

Outre l’obligation imposée à l’ensemble des milices belligérantes de remettre leurs armes, le document de Taëf stipule un nouvel équilibre confessionnel, transférant une part des prérogatives du Pouvoir Présidentiel (chrétien maronite) en faveur du poste (sunnite) de Premier Ministre.

Le Premier Ministre de cette nouvelle constitution ayant déjà été préparé par l’Arabie Saoudite pour prendre ses fonctions, on ne connaîtra sans doute jamais le prix que la Monarchie Saoudienne aurait payé à la Syrie pour inclure dans le texte de Taëf les closes qui stipulent ce transfert de Pouvoir. Ce qu’on peut certifier en revanche, c’est que l’Arabie Saoudite prenait ainsi son ticket d’entrée dans la course, et se positionnait en grand favori sur la liste des prédateurs potentiels du Liban.

Un homme de bonne nature, né d’une famille ordinaire de Saîda, jusqu’alors inconnue, sans passé, sans passé politique en tout cas, avait sans doute réussi à gagner la confiance de la Monarchie Saoudienne. C’est donc lui que cette Monarchie désignait pour œuvrer à l'instauration d'un climat propice au démarrage de son plan – un plan qui peut sembler à priori utopique, puisqu’il consiste en l’achat foncier du Liban, exactement de la même manière qu’Israël avait acheté la majeure partie de la Palestine, avant d’asseoir son autorité et de fonder son Etat. Le projet peut sembler exagérément ambitieux, voire gigantesque - sans doute - mais avec la montée de l’islamisme fondamentaliste, notamment chiite, la Monarchie Saoudienne ne pouvait mieux investir ses recettes pétrolières.

Aux yeux de la population Libanaise, d’autant plus aveuglée par les affres de ses guerres qu’elle était avide de trouver un sauveur, l’homme présenté pour prendre le pouvoir s’appelait Rafic Hariri. Du reste, on l’avait fabriqué de toutes pièces, et personne ne soupçonnait alors les dessous de la mission qui lui avait été confiée.

On lui inventa un passé, supposé justifier sa gloire professionnelle, ainsi que la fortune qu’il aurait réalisée et qui allait donc être mise à sa disposition. Aussi grossier et incroyable que le montage scénographique puisse paraître, il aurait dit-on mené à bien l’entreprise d’un projet de construction en Arabie Saoudite dans des délais présumés serrés - une prouesse dont il faut croire qu’elle est à l’origine de la fortune (colossale) et du pouvoir (de Taëf) qui allaient lui être remis en main.

La première étape de la mission: s’installer au Pouvoir d’un régime qui avait été jusque-là, la seule véritable démocratie de tout l’Orient Arabe, et faire en sorte de ne plus céder la place, transformant cette petite démocratie en un pseudo sultanat.

La deuxième étape de la mission: Accroître la dette publique sous prétexte de remettre l’infrastructure sur pied, de la moderniser et de soit-disant préparer le pays à braver la période qui suivrait des éventuels accords de paix avec Israël - mais une paix en faveur de laquelle pas un effort n’a jamais été entrepris. Le véritable motif du gonflement délibéré de la dette publique s’avèrera être l'accroissement de la dépendance du Liban au flux des capitaux Saoudiens - des capitaux comptabilisés comme investissements, mais qui n’ont jamais été placés ailleurs que dans des acquisitions immobilières massives.

Parallèlement, maintenir l’état d’appauvrissement général du pays, afin d’encourager l’émigration, et de permettre ainsi à la demande Saoudienne pour les biens immobiliers de trouver une offre au moins équivalente. Parallèlement aussi, fermer les yeux sur la corruption de l’administration publique, afin d’empêcher toute résorption des dépenses de l’Etat, de les maintenir délibérément au plus haut, et de maintenir ainsi au plus haut le besoin pour les présumés ‘investissements Saoudiens’.

Aussi, fermer les yeux sur la corruption du secteur privé, instaurant délibérément un régime que le jargon courant qualifierait de mafieux. Durant son mandat (1991 - 2004), plus de 200 petites et moyennes entreprises libanaises ont déposé la clé sous la porte. En revanche, les propriétaires d’entreprises proches Pouvoir se sont vus décrocher les contrats des projets de l’Etat, en échange de leur disposition à ‘collaborer’ - ‘collaborer’ voulant dire servir de prête-noms aux acquisitions immobilières Saoudiennes, afin que les quotas légaux d’appropriation continuent d’apparaître comme étant en deçà des limites juridiquement autorisées.

Ensuite, ne pas lésiner sur les dépenses destinées à perpétuer la popularité du Pouvoir, notamment en période d’élections, et cela au mépris des règles de la démocratie. S’entourer de personnalités chrétiennes de second rang, fut-il nécessaire de les intéresser financièrement, afin d’éloigner les soupçons qui pourraient planer sur les véritables intentions de ce régime et sa finalité.

Par ailleurs, marginaliser le pouvoir des chrétiens, les seuls visiblement susceptibles de renverser la tendance, et disposés à le faire. Encourager l’hémorragie du flux migratoire de la jeunesse chrétienne, en maintenant (par exemple) le service militaire, en contrôlant la liberté de la presse, et en réprimant les manifestations d’étudiants par la force... mais en déguisant cette dicature discriminatoire avec des excuses télévisées réitérées avec une légèreté souriante. Ainsi, en parfait accord avec le régime Syrien, Hariri exerçait une politique de mépris des plus sournoises et des plus hypocrites qu’ait jamais connu le Liban.

L’équilibre entre l’Arabie Saoudite qui réalisait son plan, la Syrie qui en tirait profit, et Hariri qui multipliait sa fortune personnelle – s’est maintenu pendant près de treize ans. Il a donc fallu attendre toutes ces années avant de voir enfin émerger une colère. C’est dans les rangs chrétiens marginalisés, excédés et de plus en plus alarmés que l’opposition commençait à s’organiser (à Kornet Chehwan) et à faire parler d’elle.

Le but de l’opposition: Mettre un terme, sinon au plan Saoudien lui-même (dont on ne soupçonnait pas encore l'existence ni l'ampleur), du moins à tout ce que Hariri et la Syrie avaient mis en place pour en favoriser l’avancement, à savoir: La corruption généralisée, le gaspillage démesuré, le désastre social et l'état lamentable dans lequel la pratique de la démocratie sombrait. Enfin mettre un terme à l’allégeance de Hariri et des membres de son gouvernement à la dictature Syrienne omniprésente, avec tout ce que ce que le quotidien des supposés responsables donnait à voir de renoncement à la Souveraineté Nationale.

De l’Assassinat de Hariri au Grand Leurre du 14 Mars

Que l’Arabie Saoudite se soit trouvé dans l’obligation de commanditer le meurtre de celui qu’elle avait auparavant fabriqué de toutes pièces pour servir ses propres ambitions (voir chapitre précédent), ou que l’Amérique l’ait fait pour elle, peut à priori sembler une aberration. Mais en l’absence de toutes preuves, il reste néanmoins permis de spéculer sur une hypothèse qui chercherait à savoir à qui profite le crime:

Septembre 2001 - La carte de route de l’administration républicaine de Georges W. Bush était fin prête, et dans cette carte de route, la Syrie au même titre que l’Iran se trouvait en ligne de mire du combat mené par Bush contre le Terrorisme.

Au Liban, l’opposition passait à l’action, lancée par le Métropolite Orthodoxe de Beyrouth, Elias Audi, qui fut le premier à briser le mur du silence. Les boulets de courage que Audi lançait à la figure de l’occupant Syrien dans des homélies devenues désormais célèbres pour l’éloquence de leur virulence, trouvaient au sein de la population chrétienne des échos favorables. Le discours qui précéda l’inauguration de la Cathédrale Saint Georges au Centre Ville de Beyrouth fut décisif et l’opposition prit ainsi, un ticket de train sans retour.

L’opposition s’organisa autour d’un groupe de députés chrétiens (Kornet Chehwan), du Patriarche Maronite de Bkerké, Mar Nasrallah Sfeir qui prit le flambeau de son homologue Orthodoxe, et de Michel Aoun (toujours en exil à Paris). Cette opposition se focalisa sur le gouvernement de Hariri ainsi que sur la présence Syrienne, et trouva dans la nouvelle conjoncture internationale l’occasion propice d’obtenir le soutien des puissances étrangères. Avec les efforts déployés par Michel Aoun (depuis son exil), la résolution 1559 du Conseil de Sécurité de l’ONU qui allait mettre un terme à près de trente années de présence Syrienne au Liban, cette résolution vit enfin le jour en 2004. Ainsi, après des années de marginalisation délibérée et de brimades commises à son encontre, la communauté Chrétienne opposante se trouva sur le point de réaliser une immense victoire: Celle de la libération du Liban de l’occupation Syrienne – une libération à laquelle peu de Libanais croyaient encore.

2004 - A cause de son allégeance à la Syrie et de son pacte tacite avec elle, Rafic Hariri toujours en poste de Premier ministre, se retrouva en première ligne des victimes potentielles d’une victoire de l’opposition menée contre lui et contre son gouvernement. A mesure que l’opposition gagnait le soutien de la communauté internationale, Hariri, menacé par les changements, ne pouvait plus se permettre de l’ignorer comme il l’avait fait jusque-là. Sa seule issue fut de préparer une volte face contre la Syrie – une volte face par laquelle il viendrait rejoindre l’opposition à son propre régime, affublant la Syrie de tous les maux qu’il prétendrait avoir été contraint de commettre à l’ombre de sa dictature. Il engloberait ainsi l’opposition chrétienne, la transformant en une opposition multiconfessionnelle dans laquelle il prendrait parti. Il garantirait ainsi son retour au poste de Premier Ministre au sein même des transformations qui se dessinaient. Enfin, il garantirait surtout son rôle exécutif du plan Saoudien en faveur duquel il continuerait à oeuvrer.

Mais dès les premiers signes de ce retournement - le 14 Février 2005 précisément, et alors qu’il venait de sortir d’une session parlementaire, une voiture piégée buttait contre la sienne, l’explosion remua tout Beyrouth et le blindage de la Mercedes ne pu rien y faire.

Avant même que les Libanais sous le choc ne réalisent qu’ils venaient d’être débarrassés de celui qui avait fait de leur démocratie son sultanat, qui avait instauré un régime de près de quinze ans de corruption, pactisé avec la dictature Syrienne, délibérément gaspillé et gonflé la dette publique, marginalisé les chrétiens, encouragé leur émigration, et cela pour la mise en oeuvre d’un plan Saoudien d’acquisition du Liban, et aussi, avant même que quelqu’un n’ait eu le temps de se poser la question de savoir qui a bien pu commettre ce meurtre, la Syrie (en ligne de mire de la nouvelle politique américaine) était ouvertement pointée du doigt, autant par l’opposition chrétienne qui avait payé le plus lourd tribut de sa dictature, que par d'autres communautés (notamment sunnite et druze) qui se dépêchèrent de rejoindre la cueillette du succès; le succès d'une libération annoncée.

Le tout fut orchestré par la communauté internationale, venue soutenir la thèse selon laquelle la Syrie était seule accusée d’avoir commis le meurtre, et cela, dans d’un gigantesque ‘festival’ organisé le 14 Mars 2005, place des Martyrs - une date devenue culte dans l’Histoire du Liban, ne serait-ce que par l’ampleur de la présence des manifestants. Mais une date qu’une année de recul fera apparaître comme grotesque au regard des promesses lancées à tout vent par des parlementaires en verve, qui ne voyaient de cet événement que l’occasion de lancer leur campagne pour les prochaines législatives.

A froid, est-il permis (surtout de nos jours) de se faire des convictions avant même de réfléchir? Est-il permis de se laisser aveugler par ce qu’une carte de route Américaine voudrait laisser croire? Et est-il permis de se forger une conviction, guidé par le seul sentiment d’hostilité qu’on peut à juste titre éprouver à l’égard de la tyrannie de l’occupation Syrienne? Mais indépendamment de ce que les Libanais auraient envie de croire, et indépendamment surtout, de ce qu’on voudrait leur faire croire, la Syrie avait-elle un intérêt à commettre un tel acte? Et de le commettre en plus, au moment précis où la Communauté Internationale l’accusait nommément de fomenter le terrorisme? Et s’il s’avérait que ce n’était pas la Syrie, si les libanais s’ouvraient à toutes les alternatives possibles, quel serait le protagoniste embarrassé par le maintien de Hariri en vie, au point de vouloir son élimination? C'est cela la vraie question:

Bien sûr, l’enquête internationale suit son cours, mais il apparaît de plus en plus clairement que cette enquête devient un outil de chantage aux mains de George W. Bush qui ne tient pas particulièrement à ce que le publique du 14 Mars apprenne une autre vérité que celle que son administration voudrait faire passer. Cependant la thèse la plus plausible - et la plus indépendante de tout parti pris, fut-il celui des opprimés de la tyrannie des Services de Renseignements, ou des familles de détenus dans les geôles syriennes, ou même de ceux qui nourrissent leur revanche pour quelque raison – cette thèse indépendante est la suivante:

En ayant voulu s’allier à une opposition qui s’était initialement formée contre lui, et en ayant voulu l’englober pour éviter d’en devenir la victime politique, Hariri brisait un équilibre en marche depuis près de quinze ans - un équilibre dans lequel la Monarchie Saoudienne menait à bien son plan, la Syrie était suffisamment bien placée pour laisser faire et en percevait le prix, et Hariri lui-même (ainsi que les hommes de son parti et de son entourage) gagnaient en pouvoir et en fortune, le tout au détriment de l’économie libanaise, mais aussi de son tissu social et confessionnel.

Mais avec le retournement annoncé de Hariri et la rupture de l’équilibre en place, le plus embarrassé allait être (avant et plus que quiconque) le protagoniste commanditaire du plan pour lequel Hariri n’était finalement qu’un exécutant, c’est-à-dire la Monarchie Saoudienne. Quand même ce retournement donnait à la Syrie une raison suffisante de vouloir se venger par un meurtre, elle gagnait bien d’avantage à s’en abstenir, (je dirai pourquoi). En revanche, ce retournement noyait la Monarchie dans une grande vulnérabilité, et c’est elle qui allait être désormais la plus embarrassée par le maintien en vie de celui qui en savait trop – trop sur son plan, trop sur ses intentions, trop pour se permettre d’entreprendre un tel retournement. En effet, pour la Monarchie, un Hariri en vie incarnerait désormais l’occasion offerte à la Syrie de mener une politique de chantage – elle qui possède dans ses archives quinze années de surveillance, de documents, d'enregistrements téléphoniques et bien d'autres détails compromettants qui constitueraient les preuves flagrantes des visées Saoudiennes sur le Liban. Ainsi la Syrie avait donc bien plus intérêt à ce que l’acteur et premier rôle du plan Saoudien demeure en vie, et elle pouvait déjà se frotter les mains à l’idée de se voir offrir l’occasion de contrôler la Monarchie avec son seul silence. Seule la Monarchie n’allait pas supporter d’être ainsi prise en tenaille, acculée à devoir payer le prix indéfini de ce silence, ou de subir le chantage des révélations d’un plan en totale contradiction avec l’image de sagesse et de modération que suscite le Royaume au regard de la communauté Arabe et Internationale. Pour la famille régnante, le moins coûteux des sacrifices était donc de commanditer (ou d’accépter) l’élimination du seul survivant complice de ses plans – ultime solution qui s’offrait à elle pour être blanchie et surtout délivrée. Délivrée donc d’un éventuel chantage, mais aussi, des représailles possibles d'un Islamisme montant, qui n'attend qu'une occasion de voir la Monarchie ternie ou éclaboussée par le scandale, pour justifier une nouvelle percée, ou la violence d’une représailles qui pourrait être fatale au régime monarchique lui-même.

Le meurtre s’avérait d’autant plus facile à commander que bien des hommes à Ghazi Kanaan - ex-chef des Services de Renseignements Syriens au Liban, et écarté par son propre régime - étaient encore en poste, connaissant parfaitement le terrain, et bien disposés à se laisser commanditer une tâche aussi lucrative, surtout qu’elle serait pour le compte d’une Monarchie pétrolière telle que l’Arabie.

La Résolution 1559 fut votée fin 2004, Hariri fut assassiné le 14 Février 2005. Une enquête internationale fut immédiatement mise sur les rails, et quelques mois après, Ghazi Kanaan se serait dit-on suicidé sans plus d'explication, c’est en tout cas la version du communiqué officiel de la presse Syrienne. La Monarchie Saoudienne s’en tirait ainsi à bon compte et pouvait enfin souffler de se voir totalement délivrée d’un chantage contraignant, salissant et coûteux, puisqu’en dehors de la logique déductive et du bon sens, aucune preuve vivante ni tangible ne pourrait désormais soutenir cette thèse…

… pas tant que les puits de pétrole continueraient de fonctionner à plein rendement, et pas tant que la Monarchie Saoudienne continuerait de jouer le rôle de principal satellite Américain au Moyen-Orient en tout cas.

Le Hezbollah et les Chevaliers de la Table Ronde

D’un groupuscule islamiste terroriste, né du chao de la guerre civile et mené par un Imam (Toufayli) fugitif, poursuivi, et qui n’avait emprunté à l’idéologie Khomeyniste que la verve de violence qui l’autorisait à combattre la présence américaine sur le sol libanais en s’attaquant aux Marines (1983), le Hezbollah est progressivement devenu un parti politique en bonne et due forme, qui incarne à lui seul la Résistance à l’ennemi Israélien. Un pseudo Etat.

En l’absence d’un Etat supposé protéger et veiller aux droits de ceux qui avaient d’abord été des citoyens avant que de devenir des partisans de la Résistance, le Hezbollah prit ceux-là sous sa coupe, leur offrit un logement, un enseignement, un travail, des soins et leur rendit surtout leur dignité sapée – sapée non pas seulement par l’occupation ennemie, mais par des années de relégations au rang de l’oubli. Qui donc peut reprocher aujourd’hui aux Résistants du Hezbollah d’être devenus des durs disciplinés, des sages endoctrinés, ou un mélange des deux, mais dans tous les cas différents, méconnaissables?

Jusqu’en 2000, les opérations de guérillas menées par le Hezbollah contre l’armée de Tsahal avaient fini par rendre l’occupation du Liban Sud trop coûteuse pour Israël. En 2000 Yehud Barak - alors candidat à la formation d’un nouveau cabinet – intégrait un plan de retrait total du Liban à son programme électoral, et remportait les élections. Le Hezbollah récoltait ainsi le fruit de son courage et du sacrifice de ses martyrs. Mais la plus grande victoire du Hezbollah est bien plus politique que militaire, et celle-là, personne - pas même lui - n’en parle:

En mettant un terme à sa présence au Liban Sud, Israël croyait laisser derrière son retrait un piège présumé fatal pour le Liban: Pour Israël, une victoire tonitruante accordée au Hezbollah allait destabiliser le gouvernement Hariri en place, et libérer le souffle d’un extrémisme chiite avec tout ce qui en découlerait d’entrave au redressement économique et social du Liban. Israël pensait donc qu’avec un Hezbollah fort de sa victoire sur elle, le Liban, à l’instar de l’Iran, tomberait dans les mailles de l’extrémisme et d’une marginalisation quasi irréversible et définitive.

Or à peine l’armée de Tsahal s’était-elle retirée que Sayed Hassan Nasrallah (désormais Secrétaire Général et chef spirituel du Hezbollah) se pliait aux exigences du régime constitutionnel, en s’accordant contre toute attente avec la pratique démocratique. Aux législatives de 2005, le Hezbollah noua même des alliances avec toutes les factions en course et remporta la quasi totalité des sièges qu’il ambitionnait de gagner. L’erreur d’Israël fut donc de n’avoir pas vu que le Hezbollah était devenu suffisement populaire pour recourir à d'autres méthodes que celles édictées par les règles de la simple démocratie. Plus que d’avoir forcé Israël au retrait, c’est d’en avoir déjoué le piège qui constitue la plus grande victoire du Hezbollah. Et c'est sans doute la nécessité de rectifier ce tir qui sera à l’origine de la guerre qu’Israël déclenchera contre le Liban, en Juillet 2006.

Depuis la formation du Hezbollah et jusqu’à son étonnante métamorphose, certes l’Iran aurait financé son parcours, et certes il y aurait à redire. Aucune nation au monde ne peut accepter de voir un tiers de sa population endoctrinée par une nation tierce. Mais qu’a-t-on fait pour éviter que cela arrive? Et qu’a-t-on jamais proposé de mieux? Et d’abord, qui est celui qui aurait à redire? Serait-ce le sanguinaire qui se fait passer pour un Saint, mais qui n’a jamais cessé de pactiser avec le diable pour assouvir son avidité frustrée du Pouvoir, et qui prêche aujourd’hui la partition du Liban dans l’espoir de régner enfin sur un canton, à défaut d’être arrivé à la Présidence? Ou serait-ce l’héritier génital et politique du Roi de la corruption qui s’est affairé sa vie durant à vendre le Liban et le passeport des Libanais pour un autre passeport que lui, détenait déjà? Ou la girouette peut-être - cet autre pilier du 14 Mars dont la conception de l’intelligence consiste à demeurer insaisissable, et qui se fait un point d’honneur à défendre une prise de position et son contraire, pour être toujours prompt à virevolter au cas où?

Entre le Hezbollah d’un côté, et le 14 Mars de l’autre, la cohabitation de deux pôles au passé politique et aux idées aussi divergentes, mais que réunit le destin de devoir partager un même pouvoir, ne pouvait qu’aboutir à l’impasse dans laquelle le Liban se trouve aujourd'hui. La disparité des cohabitants au sein de ce pouvoir est telle, que l’impasse en question n’est plus d’ordre politique ; elle est quasi Freudienne:

Un pôle renvoie à l’autre l’image de ce que cet autre aurait dû être et qu’il n’a jamais été. L’autre revendique encore le leurre du 14 Mars 2005 comme un plébiscite à sa faveur. Le premier, soutenu par l’Iran et la Syrie, puise sa force dans la probité et le courage de sa résistance à l’ennemi sioniste. L’autre puise la sienne dans le soutien de puissances occidentales obstinées dans leur refus de remettre en question l’image du groupuscule terroriste qu’avait été le premier en 1983. En ajoutant à ces divergences les luttes internes pour le partage confessionnel du pouvoir, l’impasse dans laquelle se trouve le Liban se résume. La seule solution réside dans un dialogue à l’échelle nationale, organisé autour d’une table – une table dite ronde, puisque nul ne nierait en effet, que deux demi-cercles réunis forment un rond.

Pour comprendre les enjeux du dialogue en vigueur, il faut d’abord savoir que la mosaïque de la population Libanaise est composée d’environ 65% de musulmans (35% de chiites et 30% de sunnites), 30% de chrétiens et 5% de druzes, le tout ne faisant à peu près que 3.5 Millions d’habitants.

Alors quand les responsables sunnites ne manquent pas une occasion de clamer que "le Liban sera le dernier pays à signer la paix avec Israël," on peut lire derrière cette démagogie supposée surenchérir sur un anti-sionisme typiquement chiite, le piège. En réalité, cette déclaration insinue ce qu’aucun sunnite n’oserait dire ouvertement: "Nous oeuvrerons à l’implantation des 400.000 Palestiniens réfugiés au Liban, afin que la quote-part sunnite de la population Libanaise devienne majoritaire." La passage du dit au non-dit relève d’une évidente déduction: En effet, si tous les pays Arabes signent la paix avec Israël avant le Liban, il ne s’en trouvera plus un seul pour accueillir les réfugiés Palestiniens qu’on y déplacrait. Les réfugiés Palestiniens se trouveront donc implantés au Liban de fait, faisant de la communauté sunnite la plus importante en nombre de toutes. Cette déclaration n’est donc pas un simple Nasserisme autant qu’elle en a l’air.

Et quand les responsables du Hezbollah (chiite) répliquent qu’ils ne cèderont pas leurs armes avant la libération par Tsahal des Fermes de Chebaa, de Tilal Kfarchouba, de Koura el Sabeh, et autres contrées diluées dans les méandres des cartes géographiques aux frontières litigieuses, (et dont la libanité incertaine reste tributaire des preuves que détient le régime Syrien, allié de l’Iran), on peut lire derrière ces déclarations le gain de temps en armes que cherche à obtenir le Hezbollah, pour se prémunir contre la menace que constitue l'implantation palestinienne au Liban. Cela se confirme d’avantage avec la promesse de Hassan Nasrallah, réitérée à toutes les occasions dans cette formule: "Jamais et sous aucun prétexte nos armes ne se retourneront contre l’un quelconque de nos concitoyens Libanais." Comprendre: "Tant que les Palestiniens seront armés sous pretexte de la lutte pour la libération des territoirs occupés par Israël, le Hezbollah s’accrochera à ses armes, pour empêcher toute tentative d’implatation."

Enfin quand le gouvernement israëlien tend le piège de deux soldats à la frontière libanaise, en sachant parfaitement que le Hezbollah ne manquera pas de les prendre en otage (dans le but bien précis de les troquer contre ses propres détenus dans les geôles Israéliennes), en fait, il crée l’occasion de s’attaquer au Hezbollah, de détruire son arsenal, d’anéantir son infrastructure, et d’abattre ainsi le dernier mur de résistance à l’implantation des Palestiniens au Liban, mais tout en faisant croire au reste du monde qu’il ne fait qu’user de son droit de représailles. Malgré la démesure de la réaction israélienne à cet enlèvement, l’alibi sera soutenu par Georges Bush et Tony Blair, mais aussi par certains membres du rassemblement du 14 Mars, plus ou moins complices ou consentant à l’attaque du Hezbollah. Ce qui n’arrangera pas les retrouvailles autour de table ronde.

12 Juillet 2006 – Autopsie d’une Guerre Controversée

En déguisant son offensive sur le Liban avec le subterfuge de deux soldats enlevés derrière la ligne de frontière - un subterfuge qui, selon les normes américaines, bénéficie d’un statut politiquement correct, Israël s’offrait d’emblée le droit d’invoquer l’autodéfense – un droit que l’Administration Bush et Tony Blair entre autres, n’allaient pas tarder à lui reconnaître, évidement. Et en se positionnant ainsi dans la légitime défense, Israël pouvait faire appel à un soutien logistique et militaire que les Etats-Unis n’hésiteraient pas à lui accorder en cas de nécessité. Complicité oblige.

Complicité mais aussi, discrimination flagrante: En effet, il serait bon de rappeler qu'en prenant les deux soldats pour otages, le Hezbollah avait pour but de négocier la libération de prisonniers politiques détenus sans jugement dans les geôles israéliennes, certains (comme Samir el Kantar) depuis près de vingt ans. Tout comme il serait bon de rappeler que la ligne franchie par le Hezbollah pour effectuer sa prise est celle-là même qu’Israël avait occupé pendant plus de vingt ans, au mépris de la résolution 425 de l’ONU et en toute impunité.

Cependant, le momentum selon lequel l’offensive israélienne allait être déclenchée aurait dû suffire à écarter les soupçons qui planent encore sur la scène Libanaise - des soupçons irréfragables, forts desquels certains responsables du gouvernement libanais défendent encore l’idée que le Hezbollah serait lui-même responsable de cette offensive. Pourtant l’un des motifs les plus évidents de cette guerre fut d’exercer une pression sur le Président Iranien Ahmadinedjad, avant que n’expire l’ultimatum qui lui avait été accordé par l’Administration Bush, pour rendre compte de son programme nucléaire (le 31 Juillet). Il fallait par ailleurs que la Coupe du Monde de Football se soit achevée – car on ne détourne pas l’attention de 2 milliards de téléspectateurs concentrés sur un événement aux enjeux d’une telle importance pour les économies occidentales. Mais pour qui ne veut rien y voir, les deux soldats enlevés étaient là par hasard, et le momentum de l’offensive serait mis sur le compte de la simple coïncidence.

Un autre indice devait permettre aussi de déduire que cette guerre n’a pas été initiée par le Hezbollah, mais qu’elle a plutôt été le résultat d’un complot dans lequel le Hezbollah aurait été entraîné: Tout le monde sait bien que les Etats-Unis s’appliquent à compléter la faisabilité d’une guerre, avant de s’y engager. En effet, tout le monde garde encore en mémoire les préparatifs de l’invasion de l’Irak et la fameuse recherche des Armes de Destruction Massive (ADM) que Saddam Hussein était supposé détenir, soi-disant dans des bunkers sous terrains. Et tout le monde a bien vu que les chercheurs de l’ONU s’étaient engagés dans une enquête acharnée à la recherche de telles armes. Enfin tout le monde a bien vu que la recherche des ADM ayant été vaine, la raison de l’invasion de L’Irak par l’armée américaine était supposée tomber; or l’invasion a précisément eu lieu.

Par simple analogie, et maintenant que la campagne médiatique menée par l’Administration Bush contre le régime Iranien a achevé de préparer le peuple Américain à une attaque éventuelle de l’Iran, les renseignements américains se devaient de compléter les informations présumées manquantes sur les armes que l’Iran fabrique (et que le Hezbollah détient). Or le meilleur moyen pour compléter leur formulaire de faisabilité était de mettre ces armes à l’épreuve, d’où la deuxième raison de croire que la guerre de Juillet est le résultat d’une initiative Israélo américaine.

Enfin, une troisième raison milite en faveur de la théorie du complot Israélo américain: le sempiternel plan Kissinger qui n’a toujours pas abouti à l’implantation des Palestiniens réfugiés au Liban: Le pouvoir chrétien ayant été marginalisé par près de trois décennies de tutelle syrienne, en désarmant le Hezbollah par la force, Israël pensait abattre ainsi le dernier mur de résistance à l’implantation des Palestiniens au Liban, et accélérer le processus selon lequel elle signerait une paix avec le Liban sans autre condition - tout en sachant que cette seule condition n’est pas pour déplaire au clan Hariri Junior, à ses acolytes du 14 Mars, et au Pouvoir (sunnite) de Taëf en place, quand même les déclarations de ces derniers clameraient le contraire.

Mais malgré les multiples raisons de confirmer la théorie d’un complot contre le Hezbollah, la mauvaise foi qui prévaut dans l’esprit de certains responsables libanais dont l’allégeance à la puissance américaine n’est plus à prouver, cette mauvaise foi continue d’aveugler les esprits. Convaincus ou pas, ils camperont sur la théorie défendue par le tandem Israélo américain - théorie selon laquelle le Hezbollah est seul responsable de l’offensive. Or, quelques mois après la guerre, on pourra vérifier que les dissensions qui allaient naître autour de la responsabilité de ce déclenchement, ainsi que la discorde sunnite chiite qui s’en suivra, allaient confirmer la quatrième et principale raison d’affirmer que cette guerre est bel et bien un complot. Mais restons encore dans la chronologie:

Entre le 9 Juillet, (date de la finale France – Italie) et le 31 Juillet (date de l’ultimatum accordé à Ahmadinedjad), le 12 très précisément, le piège des deux soldats sera tendu, l’enlèvement aura lieu, et l’attaque Israélienne sera déclenchée. Cette guerre allait s’ouvrir sur quatre fronts simultanés: Quatre fronts conçus et planifiés de telle sorte à ce que l’issue de la guerre s’en trouve délibérément controversée – la controverse étant, dans ce cas précis, la clé même du complot, voire sa finalité, car elle sera exploitée sur le plan politique, je dirai pourquoi et comment:

- Le front médiatique, ou la latitude de pouvoir sauver la face:
Sachant qu’Israël joue dans cette guerre sa notoriété sur l’ensemble du monde Arabe et musulman, et qu’elle expose ainsi le culte de son invincibilité, un obscurcissement médiatique délibéré de la part du gouvernement israélien d’Olmerts allait permettre à ce dernier de dissimuler ses pertes ou de les nier, et cela, par le recours à la censure médiatique, au mensonge invérifiable et au camouflage. Par ailleurs, le resultat du rapport de test des armes Iraniennes devait être tenu secret.

- Le front diplomatique, ou la soupape de sécurité:
Avec le déclenchement de la guerre, des tractations tous azimuts allaient être initiées par les Etats-Unis au sein de l’ONU, afin qu’une résolution puisse imposer (ou retarder) la trêve, à tout moment jugé nécessaire par Israël.

- Le front ponctuel du Hezbollah, ou la défaite d’Israël:
Récupérer les deux otages enlevés, repousser les miliciens de la Résistance à 20 kilomètre de sa frontière, c’est-à-dire derrière la ligne du fleuve Litani, enfin détruire l’arsenal militaire du Hezbollah présumé constituer une menace pour la sécurité d’Israël, étaient les trois objectifs fixés par la Défence Israélienne et le commandement de Tsahal. Mais la Résistance du Hezbollah fut telle, qu’aucun des objectifs déclarés n’a pu être atteint - ce qui suffit à la Résistance, par la voix de son chef Sayed Hassan Nasrallah de se proclamer vainqueur, en dépit des massacres par ailleurs perpétrés, et des destructions spectaculaires causées sur le quatrième front: Le front de l’ensemble du Liban.

- Le front de l’ensemble du Liban, ou le spectacle d’une victoire frustrée:
En dehors des limites géographiques qui abritent le Hezbollah et son arsenal, l’attaque de l’aviation israélienne faisait d’une pierre deux coups, en détruisant les principales sources de revenu de l’économie libanaise: Son industrie (notamment agro alimentaire), son infrastructure touristique (pollution des plages), et son infrastructure routière (voies du transit commercial). Les images de ces destructions, ainsi que les massacres perpétrés sur la population civile rurale et les cris de révolte que ces massacres allaient engendrer, tout cela viserait à présenter aux yeux du monde (notamment Arabe et musulman) le spectacle d’une victoire militaire, supposée dissimuler l’échec que l’armée de Tsahal allait essuyer sur le front précédent, celui ponctuel du Hezbollah.

Voilà pour le plan de guerre.

Août 2006: Sur le plan politique, l’Administration Bush allait s’affairer à étendre la discorde sunnite chiite commencée en Irak: D’une part, cette administration alimentera la révolte et la haine des Résistants chiites contre le Président Bush, contre l’Amérique Républicaine en général, et contre la politique étrangère qu’incarne Condoliza Rice, en particulier. Par exemple, le gouvernement américain proposera à grande pompe médiatique d’approvisionner Israël en missiles à tête chercheuse, et cela alors même que la guerre contre le Hezbollah battait son plein. Par ailleurs, et au même moment, Mme Rice allait organiser un déjeuner convivial à l’ambassade américaine du Liban, un déjeuner dans lequel les pôles du 14 Mars et du gouvernement de Taëf étaient conviés. Et là, les convives s’entretiendront sur les modalités d’une victoire politique qu’ils se verraient offrir par leur médiation à l’ONU pour l’obtention d’une cessation des hostilités, d’où la résolution 1701.

Ainsi, le Hezbollah chiite considèrera avoir à son actif une victoire militaire que le pôle sunnite du pouvoir en place ne partagera ni ne reconnaîtra comme telle. Ce pouvoir ira même jusqu’à tenir le Hezbollah pour responsable (je l’ai déjà dit) des destructions causées par cette guerre. En revanche, fort du soutien américain, ou faible de son allégeance, ce pouvoir fera valoir pour seule victoire sa victoire politique à lui, celle par laquelle la Résolution 1701 de l’ONU a vu le jour – mais une victoire que le Hezbollah ne partagera ni ne reconnaîtra comme telle. D’où le début d'une discorde parfaitement complotée.

Quelques semaines après, cette discorde interconfessionnelle fera boule de neige: Le Hezbollah réclamera un droit de représentation gouvernementale sinon proportionnelle à sa popularité grandissante, du moins suffisante pour bloquer le recours au Tribunal Pénal International supposé statuer sur le meurtre de Hariri. Avec ce droit de blocage, le Hezbollah entend protéger son propre contentieux avec les Marines (1983), ainsi que le régime Syrien qui lui est allié, faisant valoir ses appréhensions quant à l’influence américaine sur le TPI, et la possibilité que l’administration Bush n’utilise ce recours comme un outil de chantage contre le régime de Bachar el Assad. Mais se voyant refuser l’équité de la représention par le nombre, les membres chiites du gouvernement démissionneront en masse, affublant ainsi le gouvernement pro Hariri d’une légalité constitutionnelle litigieuse.

Ainsi l’administration Bush aura réussi à tisser la trame d’une escalade entre les différents protagonistes qui représentent la mosaïque libanaise, et semé une discorde interconfessionnelle qui va alimenter le brasier commencé en Irak. Les résultats sur le terrain sont tels qu’ils vont soulever la question même de savoir si la victoire militaire du Hezbollah n’a pas été commandée à Israël par l’administration Bush, et si la destruction du Liban n’aura pas été le contrepoids d’une victoire accordée au Hezbollah, ou en d’autres termes, la rançon de la victoire frustrée d’Israël. Avec le recul, on peut se demander aussi, si le meurtre même de Hariri n’aura pas été le maillon déclencheur d’une chaîne qui conduit aujourd’hui à alimenter le feu de ce brasier – un brasier dont le principal bénéficiaire reste bien sûr, l’Etat d’Israël, le reste des protagonistes n’étant que les marionnettes du complot...

… des marionnettes intéressées à s’ancrer d’avantage dans une allégeance inconditionnelle à la politique américaine au Proche-Orient, quand même cette politique serait-elle désastreuse. Intéressées aussi à perpétuer le régime lucratif de la corruption instaurée par feu Rafic Hariri. Enfin intéressées à s’ériger une place de héros dans l’Histoire du Liban envers et contre toute prise de position héroique, mais en accéptant en revanche d’être le cheval de bataille de l’un des plans qui demeurent en course à la prédation du Liban, (voir le chapitre d’introduction).

© Essente, 2006
Traduction en anglais bienvenue.